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La Chapelle de Notre Dame de Lorette

La première pierre de la basilique fut posée par Monseigneur Julien le 19Juin 1921.

- La première pierre de la Tour Lanterne fut posée le 19 juin 1921 par le Maréchal           PETAIN

- Le vendredi 12 mai 1922, le roi d'Angleterre George V, le maréchal Sir Douglas Haig et   le Maréchal Foch vinrent visiter Lorette.

- Le 21 mai 1922, sous la présidence du Maréchal Foch, son Excellence Monseigneur       Ceretti, nonce apostolitique, bénit l'ossuaire de la tour.

- Les murs commencèrent à s'é lever en 1923.

- Le 2 Août 1925, le Président du Conseil Painlevé, inaugurait la Tour achevée                   et allumait la lanterne des morts.

- Une première bénédiction fut donnée au gros oeuvre achevé et couvert le 29 mai           1927.

- La consécration du maître-autel eut lieu le 7octobre1931.

- La consécration de la Basilique fut faite par Monseigneur Dutoit le 5 septembre 1937.   Le même jour consécration des autels latéraux.

L'édifice religieux, qui, avec la Tour-lanterne constitue, au milieu du cimetière militaire où reposent 40 000 soldats de la guerre 1914-1918, le Monument de Lorette, conserve le nom de "Chapelle". Cette dénomination assez impropre si l'on considère la grandeur de la construction, sa masse imposante et son ornementation, veut surtout perpétuer le souvenir de la primitive chapelle votive de 1727, construite, restaurée, agrandie, détruite, dont les vestiges sont signalés par une stèle et une épitaphe à l'extérieur de la grille d'entrée du cimetière. La "Chapelle" actuelle occupe une place différente au milieu du plateau, à une centaine de mètres de l'ancienne, et elle se situe presqu'au milieu des rangées des tombes. Elle présente à l'observateur une allure romano-bysantine. C'est une oeuvre sobre et puissante dont la masse grisâtre s'associe bien avec la Tour-lanterne. En forme de croix latine, ayant une nef unique barrée d'un transept, son chevet est orienté vers l'ouest, tandis que son entrée principale s'ouvre à l'est. L'essentiel de la construction est une forte armature de ciment sur laquelle a été appliqué un parement en pierre de Givet reconstituée. Une bonne partie de la couverture est en tuiles de Bourgogne vieillies.

Elle a 46 mètres de long sur 14 de large ; le transept mesure 30 mètres d'une extrémité à l'autre. A l'extérieur ce qui attire davantage les regards ce n'est pas le modeste campanile qui abrite une trop modeste cloche, ce ne sont pas les formes avancées des extrémités du transept et du choeur, c'est surtout le dôme dont l 'imposante coupole surplombe le transept : cette coupole octogonale à l'extérieur, arrondie à l intérieur, a 34 mètres de hauteur et dix mètres de diamètre à la base. Les murs extérieurs, percés des ouvertures des vitraux et des deux portes latérales sont d'une architecture plutôt austère. A signaler sur la face sud, entre le bras du transept et le choeur, un aménagement spécial qui a permis de placer comme une relique, le calva ire mutilé de Carency. Une épitaphe gravée dans la pierre indique : "ce calvaire, épave de guerre, érigé avant 1914 à l'entrée de Carency, se trouve maintenant exposé ici à la vénération des fidèles. 11 novembre 1948". (Depuis pour assurer sa conservation ce christ a été placé sur l'autel latéral près de la tombe de Monseigneur Julien).

 

Pour terminer le tour extérieur de l'édifice disons qu'au delà du choeur se trouve un couloir reliant deux vastes sacristies, ce qui donne à la face ouest un aspect assez massif.

L'architecte de l'ensemble est Louis Cordonnier de Lille, membre de l'Institut.

Autel extérieur devant la porte d'entrée.

 

Autel extérieur surmonté d'un baldaquin soutenu par quatre colonnes de facture assez simple. La partie qui sert de rétable représente  une croix rayonnante. Au fronton de cet autel figure une inscription t irée par MgrJulien, du Livre des Rois (ll°- 1- 18),"Considera Israël pro his mortui sunt super excella vulneratis" = Vénère Israël ceux qui sont tombés immolés sur tes collines. Cet autel extérieur n'est utilisé que lors des manifestations qui rassemblent une foule trop nombreuse pour trouver place dans le sanctuaire. Il est encadré de quatre gros pilastres de béton décorés sur trois faces de croix de guerre; sur la quatrième d'un blason posé sur un glaive et portant deux L opposés (J L). Au fronton extérieur sous le campanile qui abrite la cloche de l'édifice se trouve en médaillon allongé la Vierge de Lorette assise sur sa maison supportée par les anges. Au-dessus sur un rectangle de pierre (légèrement en retrait) on lit cette suppliante dédicace à la Vierge : 0 toi qui du sein des douleurs Enfantas la Sainte Espérance A toi ce temple né des pleurs Offerts par les femmes de France (Ascension 26 mai 1927).

Sous un cintre roman assez simple qui entoure un tympan où figure une croix encensée par des anges se trouve la double porte de l'entrée principale de la chapelle.

Le Choeur

Dès l'entrée dans la basilique, ce qui frappe le visiteur c'est la grande mosaïque du choeur, semi circulaire, qui s'élève jusqu'à la voûte et enveloppe pour ainsi dire le maître-autel. Cette décoration en mosaïque a été exécutée d'après les cartons de Louis Cordonnier, membre de l'Institut, par la maison Gaudin de Paris. Le Christ ressuscité, nimbé d'une auréole de gloire est vêtu d'une robe blanche que borde un parement bleuté. Il est environné d'anges qui l'encensent et l'adorent. Ses bras ouverts comme son regard traduisent la charité dont son coeur est rempli . Les deux mots gravés dans la pierre au dessous de la mosaïque Pax homnibus redisent aux générations qu'il est le "Prince de la Paix" et qu'il apporte la Paix aux hommes.

Le maitre-autel

Devant la mosaïque est élevé le maître-autel sur une petite plate-forme à laquelle on accède par trois marches de marbre. Le maître-autel en pierre de Lavoux sobrement décoré de mosaïque de style roman adapté au moderne, est l'oeuvre de M.Buisine, de Lille. Sur le rétable rectangulaire sont sculptés deux anges, qui, l'encensoir à la main, s'inclinent dans une attitude de profonde adoration. Un crucifix de pierre surmonte le tabernacle et domine l'ensemble; le Christ, les bras largement étendus, les yeux levés au ciel semble exhaler la prière du sacrifice total consenti : "Tout est consommé ... Mon Père, je remets mon âme entre vos mains!" Le crucifix et les bas-reliefs sont l'oeuvre de M. Masse lot sculpteur à Lille. Sur la porte en cuivre doré du tabernacle sont figurés en relief, une hostie rayonnante et un calice où viennent boire deux colombes. (Pour répondre à l'évolution liturgique un second autel a été dressé dans le choeur, sur le marchepied,

qui permet au prêtre de cé lébrer le Saint Sacrifice face aux fidèles. Il est extrêmement sobre et masque à peine l'autel principal où une lampe du sanctuaire indique la présence de la Sainte Réserve). En haut des quatre marches de l'avant choeur et sur le même plan que le second autel se trouvent les ambons. A l'entrée du choeur, sur la toute première marche, une grille en fer forgé court d'un ambon à l'autre.

Les plaques de marbre

Dès la mosaïque de la semi-coupole du choeur un parement de plaques gravées à la mémoire de ceux dont les familles ont voulu recommander le souvenir personnel forme la décoration intérieure des murs. Cette même décoration suit les murs du choeur, du transept et de la nef.

La consécration

Douze croix à mi-hauteur sur les arcs qui figurent les douze piliers de l'édifice rappellent que la basilique n'est pas seulement bénite mais qu'elle a été liturgiquement consacrée (5 septembre 1937).

Chemin de Croix

A remarquer dans les trois premières travées et de chaque côté dans les bandeaux sculptés au dessus des plaques de marbre des croix de guerre en cuivre, deux dans la première travée, trois dans la deuxième.

Ces quatorze croix figurent l'emplacement des sujets d'un chemin de croix dont le projet avait été élaboré, mais qui ne fut jamais érigé faute de crédits.

Bénitiers

Près de la porte principale et à l'entrée de la nef ont été placés les bénitiers. Ce sont de grandes écailles rapportées d'Orient et offertes par le Docteur Vaillant, d'Arras. Elles sont cerclées de métal et élégamment montées sur des tiges de fer plantées dans un socle de ciment (Décembre 1927).

Vitraux

Sauf ceux de coupole et ceux des murs Nord et Sud du transept, ils sont l'oeuvre du maître-verrier Charles Lorin d'après les cartons d'Henri Pinta, prix de Rome.

Transept de gauche (face ouest)

LA FRANCE COMBATTANTE.

Le titre est inscrit en haut du vitrail. La France est coiffée du casque de guerre 14-18. Elle porte à la main droite un glaive, à la main gauche un bouclier rond sur lequel figure le coq gaulois. Dans la partie inférieure du vitrail des soldats, au milieu des explosions sortent de la tranchée et montent à l'assaut, autour du drapeau tricolore déployé.

Transept de droite (face est)

LA FRANCE TRIOMPHANTE. Quatre lieux de résistance opiniâtre ou de victoires sont inscrits en tête de vitrail: Marne, Verdun, Somme, Champagne. La France est couronnée de Lauriers. De son étendard elle écrase la tête d'un dragon tandis que de sa main gauche portant la palme de la victoire elle s'appuie sur un écu, au repos, qui porte le coq gaulois. Dans la partie inférieure du vitrail on a représenté le défilé de la victoire sous l'arc de triomphe. Au premier plan on reconnaît les maréchaux Joffre et Foch, les généraux victorieux et les troupes en armes. (Une souscription indique que ce vitrail est le don de plusieurs familles de Liévin).

 

Au-dessus des confessionnaux du transept et faisant face aux vitraux représentant la France combattante et la France victorieuse deux vitraux retiennent l'attention. Celui de Ste Jeanne d' Arc, à droite, celui de Ste Geneviève à gauche. Ainsi, Ste Jeanne d'Arc déjà représentée dans les vitraux anglais du mur Sud du transept a devant elle la France victorieuse. L'héroïne debout est figurée revêtue de son armure ; elle tient en mains son étendard dont les plis portent les noms de Jésus et Marie. Au-dessus de l'étendard on lit ces mots: "Dieu t'assistera" parole de l'une des voix qui guidèrent Jeanne au cours de son épopée. Au-dessous de la patronne de la France le vitrail porte les armes de France, des lys sur un blason. On sait que le 29 décembre 1429 Jeanne fut anoblie par le roi de France. Plus bas, l'héroïne rentre victorieuse à Orléans.

Digne pendant à ce vitrail, dans le mur Est du transept gauche, nous trouvons celui dédié à Ste Geneviève patronne de Paris et " mère de la patrie menacée". On ne s'étonne donc pas de trouver sur le vitrail la devise de la capitale qui a pour emblème un vaisseau : "Fluctuat nec mergitur", il est battu par les flots mais ne sombre pas. Le tableau du bas rappelle que Geneviève, à une époque d'invasion et de guerre (380) vint au secours des parisiens en leur distribuant de la farine et du pain.

 

Nous avons toutefois laissé de côté les six vitraux les plus beaux et les plus riches, ceux des murs Nord et Sud. Ces six vitraux du transept furent offerts, à l'instigation de Sir Baldwin et à l'occasion de son pèlerinage aux cimetières anglais en France, par la Commission impériale des sépultures militaires britanniques. Ce fut le témoignage de gratitude de nos alliés pour le don généreux des terrains nécessaires aux cimetières anglais élevés en France et pour l'aide apportée par notre pays dans l'organisation de ces nécropoles. La remise de ces vitraux eut lieu le dimanche 4 août 1929, par son excellence Sir Schow, ministre de la guerre de GrandeBretagne. Détruits en 1940, ils ont été complètement restaurés en 1946-1947.

Transept sud

AU CENTRE : Sainte Jeanne d'Arc, sa mission accomplie, ayant derrière elle deux Voix. Des flammes l'entourent: image de son martyre. En bas les armes qui lui furent accordées par le roi de France (29 Décembre 1429).

A DROITE: au pied de la croix une femme lève les yeux dans une expression d'espérance tandis qu'elle compose sur une lyre un hymne à la gloire des morts. Au dessus d'elle un phénix renaissant à une vie nouvelle parmi les flammes qui viennent de le consumer figure la résurrection. Dans le bas du vitrail les armoiries de l'Australie.

A GAUCHE : au pied de la croix une femme plongée dans une douloureuse méditation garde, allumée, la lampe du souvenir. A la partie supérieure du vitrail, un pélican s'arrachant le coeur pour le donner en pâture à ses petits, représente le sacrifice suprême de soi-même. A la partie inférieure les armes du Canada. Sur le mur une inscription en latin, également en lettres de bronze, fait pendant à celle du mur d'en face : "Credo in sanctorum communionem". Ces vitraux ont été dessinés et exécutés par M. Henry Payne artiste anglais expert dans l'art du verre de couleur. Au-dessus des vitraux et sur les deux murs opposés des inscriptions d'un côté en anglais, de l'autre en français figurent sur des rectangles qui excèdent légèrement:" Ces vitraux sont des dons gracieux des peuples de l'empire britannique". Et puisque nous sommes dans le transept admirons successivement:

- l'ex-voto à Notre-Dame de Lorette

- Le monument de Monseigneur Julien

- Le triptyque de Notre Dame de Czestochowa.

- La coupole.

Le triptyque de N.-D. Czestochowa

Il se trouve dans le bras droit du transept (face ouest). Il fut apporté à N.D. de Lorette le 16 juin 1935 par une escorte de 15.000 catholiques représentant les 100.000 compatriotes de Pologne qui résidaient alors dans le diocèse. L'image est une copie sur toile du tableau vénéré depuis près de 900 ans au monastère de JasnaGôra, à Czestochowa. Elle a été offerte par Mme Wanda de Lada. Le tableau complété par un

encadrement en mosaïque forme le panneau central d'un triptyque dont les volets sont en métal finement gravé. L'un représente l'aigle de Pologne, l'autre le coq gaulois. A l'extérieur les volets portent des inscriptions en polonais et en français (un carton, sur le côté droit du tryptique reproduit l'inscription française). L'exécution de ce triptyque est l'oeuvre de l'artiste Jean Gaudin, décorateur de la chapelle, qui s'est occupé tout particulièrement de l'encadrement en mosaïque du tableau. Cette mosaïque comporte, comme éléments décoratifs l'aigle blanc de Pologne et le lys de France, lequel est inséparable en Pologne du souvenir de la douce reine Hedwige, à la fois princesse d'Anjou et reine de Pologne. Par le

sacrifice de son amour pour Guillaume d'Autriche et par son mariage avec Ladislas Jagellon, Grand Duc de Lithuanie elle consacra à la fois la réunion de ce pays à la couronne de Pologne et sa conversion au christianisme.

Confessionnaux

Dans les renfoncements du transept (face Est) et vis-à-vis des autels latéraux, on remarque les confessionnaux. Ils sont en pierre avec revêtement intérieur et porte de bois. Leur style est le même que celui de l'autel principal.

Autels Latéraux

Dans les bras du transept, sur les faces Ouest, se trouvent de part et d'autre du choeur les autels latéraux. Ce lui qui est placé du côté de la stèle de Monseigneur Julien a été offert par Mme la comtesse Adrien d'Esclaibes et plusieurs membres de sa famille. Il a été consacré le 5 septembre 1937 par Monseigneur Dutoit. Le second autel latéral dans le bras droit du transept est surmonté du triptyque de NotreDame de Czestochowa dont il est question par ailleurs.

Dans le choeur

A GAUCHE ; un vitrail, improprement appelé vitrail de N.-D. des Mines. Il s'agit d'un vitrail de Ste Barbe, don de Mme Cuvelette, femme du directeur des mines. Pourquoi Ste Barbe ? Parce que c'est la grande dévotion de nos mineurs encore que maint détail de sa vie ressortit davantage à la légende qu'à l' histoire. Elle protège contre la mort subite, contre la foudre, contre le coup de grisou, etc.

Dans le haut du vitrail un écu sur lequel deux pics de mineurs sont cro isés. Au-dessous Sainte Barbe portant la palme du martyre, à côté d'une tour qui rappelle celle où son père l'avait fait enfermer. Sous ses pieds une lampe de mineur allumée. Dans le bas du vitrail devant un double chevalet, un mineur retrouve sa femme et ses quatre enfants.

A DROITE : vitrail de N.-D. de la Paix. Dans le haut du vitrail un ange, les ailes déployées, présente une banderole sur laquelle on lit les deux mots "Pax Labor" (Paix - TravaiI). La Vierge tient sur son bras gauche l'Enfant Jésus portant le globe du monde. Dans sa main droite elle présente la branche d'olivier, symbole de la Paix. Au dessous deux colombes penchées sur un nid. Le bas du vitrail dans un décor vallonné et champêtre un cultivateur suit une charrue tirée par deux chevaux, et trace des sillons. Continuons par ceux du transept.

Transept nord

AU CENTRE : Saint George saint patron de l'Angleterre, ayant à ses pieds les armoiries de la Grande-Bretagne entourées de la devise : "Honni soit qui mal y pense"

A GAUCHE: dans le haut du vitrail, une tête couronnée d'épines symbolise la jeunesse crucifiée par la guerre. Au-dessous la Renommée sonne de la trompe en l'honneur des exploits des morts tandis qu'une Gloire dépose des lauriers sur leur tombe. Au bas du vitrail, deux blasons: les armes de Terre-Neuve et celles des Indes.

 

A DROITE : le même sujet qu'à gauche est traité. Les personnages sont dans une position opposée. Ils surmontent les armes de l'Afrique du Sud et de la Nouvelle-Zélande. Sur le mur une inscription de bronze accompagne les vitraux: "I believe in the communion of saints".

La statue de Notre-Dame de Lorette

Dans la demi-coupole du transept droit se trouve le monument qui rappelle l'antique pèlerinage à Notre-Dame de Lorette. Sur un emmarchement se trouve un socle qui sert de support à une statue et à un ciborium qui la recouvre et qui est placé sur quatre colonnes. Le tout, en marbre et en pierre dure est l'oeuvre du sculpteur Masselot. La statue est la représentation traditionnelle de la Vierge de Lorette avec l'Enfant Jésus, assise sur la maison miraculeuse portée par deux anges aux ailes refermées. Le ciborium rappelle par sa facture le baldaquin qui recouvre l'autel extérieur de la basilique. Le mur de la demi-coupole derrière la Madone, décoré de mosaïques est semé de croix bleues et d'étoiles d'or.

Le monument de Monseigneur Julien

Dans le transept gauche, faisant face à l'ex-voto de NotreDame de Lorette, se trouve, abrité sous une demi-coupole.le monument élevé sur la tombe de Monseigneur Julien. Pourquoi ce monument ? C'est que Monseigneur Julien, évêque d'Arras depuis 1917 a été le principal fondateur de Lorette et qu' il a exprimé cla irement le désir d'y être inhumé." Je désire être inhumé dans la chapelle de N.-D. de Lorette, afin que ma mémoire terrestre demeure attachée à celle des morts héroïques ensevelis sur la fameuse colline, et à la gloire desquels j'ai quelque peu travaillé. Cette élection de sépulture fut respectée et six jours après sa mort survenue le 14 mars 1930, il fut enterré à Lorette.

Le mémorial du grand évêque d'Arras, dû au ciseau de Félix Desruelle sculpteur à Paris, recouvre l'endroit même de sa sépulture. Il traduit heureusement l'une des grandes préoccupations de sa vie. Monseigneur Julien est représenté debout, ramenant d'un geste qui lui était familier les plis de son manteau de cérémonie ; il semble se pencher avec émotion et piété sur la tombe d'un soldat, émergeant d'un sol tourmenté pour en faire jaillir des leçons d'espérance. Le visage de l'évêque est grave, douloureux même et l'on cherche en vain dans les yeux, cet éclair d'une intelligence trop lucide pour ne point tempérer sa douleur de généreuse indulgence. On sait qu'il nous a enseigné l'union harmonieuse de deux sentiments qui semblent contradict oi res, le culte des héros de la guerre et l'amour efficace de la paix. Sur le devant du soc le, le maître Gaudin a exécuté en mosaïque les armes héraldiques choisies par le Prélat. C'est ce même

mosaïste qui a décoré la semi-coupole où les étoiles et les barques de "A Dieu va" t apissent le mur demi circulaire. Fantaisie d'artiste ?

Distraction? L'observation attentive du dessin révèle que le vent gonfle les voiles des barques dans la direction opposée à celles des étoiles qui les guident ! Sur les côtés de la demi-coupole ont peut lire, en latin à gauche, en français à droite, la remarquable épitaphe composée par l'un des meilleurs disciples de Monseigneur Julien, Edward Montier. On remarquera dans le coin gauche, du côté de l'épitaphe latine la liste des morts de la guerre 1914-1918 de la commune d'Abalin-St-Nazaire : privilège accordé à la commune sur le territoire de laquelle a été construit le Monument de Lorette.

La coupole

Dans les pendentifs supportant la voûte sont placés les emblèmes des quatre évangélistes. L'homme figure Saint Mathieu parce qu'il est l'historien de l'homme-Dieu et qu' il commence son évangile par la généalogie humaine du Sauveur ; le lion figure Saint Marc, parce qu' il raconte la victoire rédemptrice du lion de Juda et qu' il commence son évangile par la prédication de Saint Jean-Baptiste dans le désert, séjour du lion; le boeuf figure Saint Luc parce que son évangile débute par le sacrifice de Zacharie dans le temple, sacrifice dont le boeuf était souvent la principale victime ; l'aigle enfin figure Saint Jean qui ouvre le quatrième évangile par la génération éternelle du Verbe que d'un regard perçant comme ce lui de l'aigle il contemple dans les profondeurs du ciel et de l'éternité. Dans la coupole proprement dite figurent les emblèmes des quatre vertus cardinales : la prudence, la force, la just ice et la tempérance. Les vitraux de la coupole qui surmontent et éclairent ces emblèmes ont été offerts par le Docteur Mondain, ancien élève et ami de Monseigneur Julien et en souvenir de lui. Avec beaucoup de ferveur ils ont été exécutés par Mademoiselle Marguerite Huré, maître verrier. Ils sont au nombre de huit accouplés deux à deux et d'un chaud coloris différent.

Les vitraux de la nef

Constatons que t andis que du côté Nord il y a trois ouvertures, du côté Sud il y en a quatre. C'est que du côté Nord la quatrième ouverture est la porte même de la tribune en haut de l'escalier en spirale, dont l'entrée se trou ve à gauche de la double porte de la basilique. A l'étage de la tribune donc, un vitrail. Sur fond de verdure sont

reproduites de haut en bas les armes d' Arras, Boulogne et St Omer. Les trois villes épiscopales réunies sous la juridiction de l'évêque d'Arras, après la Révolution, ou si l'on préf ère, les trois villes où se trouvent les cathédrales dédiées à la Vierge : Arras : N.-D. des Ardents : Boulogne. N.-D. de Boulogne (Patrona nostra singularis) ; StOmer. N.-D. des Miracles. A cette couronne de dévotion régionale Notre-Dame de Lorette semble ajouter un fleuron supplémentaire. En suivant le mur du même côté (face sud), nous trouvons un vitrail dédié à Charlemagne. L'empereur à la barbe chenue, haut en couleurs et plein de majesté porte son septre et il est coiffé de la fameuse couronne octogonale surmontée d'une croix que l'on montre encore à Vienne.

Dans le bas du vitrail une scène de baptême représente la soumission de Tudun en 796, lorsqu'il reçut le baptême à Aix-la Chapelle. On sait en effet que le souci du monarque au cours de ses longues guerres contre les saxons était de faire pénétrer chez eux le christianisme.

Le vitrail suivant en remontant la nef nous présente Philippe Auguste (ou Philippe Il - 1165- 1223), dont nous ne pouvons seulement pas résumer les combats et les victoires. Le bas du vitrail évoque la bataille de Bouvines. Cette victoire du roi de France, en date du 27 juillet 1214, sur les forces coalisées de l'empereur d'Allemagne Othon IV, du roi d'Angleterre, Jean sans Terre, et du comte de Flandres Ferrand de Portugal, empêcha le démembrement de la France et marqua le triomphe décisif de la monarchie capétienne. Dans le haut du vitrail on lit ces mots: Montjoie ! St-Denis! C'est le cri de ralliement des troupes fidèles au roi de France depuis Louis VI, le Gros, qui, près d'un siècle plus tôt avait pris l'oriflamme à St-Denis.

A gauche en remontant la nef vers le transept nous trouvons le vitrail de Louis IX ou Saint-Louis. On ne s'étonne certes pas de le retrouver représenté à NotreDame de Lorette. Sa vie exemplaire lui valut les honneurs de la canonisation. Plutôt que de le montrer rendant la justice sous un chêne selon la scène classique, le bas du vitrail le présente à la bataille de Taillebourg (Charente-Infé rieure), où Saint-Louis vainquit, en 1242, Henri Ill d'Angleterre et le comte de la Marche. Cette victoire devait aboutir au traité de Paris et rattacher à la France les provinces de Normandie, d'Anjou, du Maine et du Poitou. En exergue, en tête du vitrail on lit ces mots : "Dieu le veut", autre devise de la France chrétienne. Saint-Louis est représenté le cou légèrement tors, comme l'histoire le décrit la tête penchée sur la couronne d'épines offerte par le roi de Jérusalem, Jean de Brienne et par l'empereur de Constantinople Bauduin et pour laquelle il fit bâtir la Sainte Chapelle. Sous le vitrail de Saint-Louis se trouve une inscription, dont voici la traduction: "En firent don Henri Pinta et Cha rles Lorin en mémoire de leurs enfants chéris, Pierre et André, et Etienne Lorin qui, mobilisés au service de la France rendirent respectivement leur âme à Dieu le 20 août 1914, le 15mai1915et le 19octobre 1917".

 

Sur la droite (face Nord) faisant pendant au vitrail de SaintLouis se trouve la mâle figure de Godefroy de Bouillon (1061-1100), second fils d'Eustache Il comte de Boulogne. li fut l'un des premiers à prendre part aux croisades (1095) et après la prise de la ville sainte fut élu "Roi de Jérusalem" . Dans le haut du vitrail, inscription: " Gesta dei per francos" : les oeuvres de Dieu par les Francs . Dans la partie inférieure figure Pierre l'Ermite prêchant la croisade. A côté, en redescendant la nef, le vitrail représente Charles Martel, prince franc et mai re du Palais (689-741). L'explication de sa figuration en la basilique de Lorette se trouve dans le bas du vitrail. N'est-il pas le fameux vainqueur des Arabes à Poitiers, en octobre 732 La victoire de Poitiers devait être suivie, à brève échéance, de l'évacuation totale de la Gaule par les Musulmans et marquer l'arrêt des conquêtes de l'Islam devant la civilisation chrétienne.

Enfin, en face du vitrail de Charlemagne, ou si l'on veut le premier vitrail à droite en entrant dans le sanctuaire, est celui de Sainte Clotilde, reine des Francs (475-545), épouse de Clovis. L'essentiel de son rôle, on le sait, fut de convertir son époux au christianisme. C'est pourquoi la scène sous les pieds de Sainte Clotilde veut reproduire la victoire de Clovis à Tolbiac, bourg du cours moyen du Rhin, considéré comme le lieu de la victoire de Clovis sur les Alamans, après que sur les conseils de sa femme, il eut fait voeux d'embrasser le christianisme. Au cours de la bataille, Clovis invoquera le Dieu de Clotilde, puis se fera baptiser avec trois mille de ses soldats. C'est en quelque sorte le premier miracle militaire français et la date du baptême de la France. La reine porte en ses mains une église. On sait qu'avec Clovis elle fit élever, sur la hauteur qui devait prendre le nom de la patronne de Paris, une église, l'église Sainte-Geneviève. Ce sanctuaire devait abriter le tombeau de Clovis et de Clotilde (508). 

 

Ainsi les vitraux de N.-D. de Lorette, essentiellement figuratifs retracent une partie de l'histoire militaire et religieuse de la France. Tous les personnages représentés n'ont pas été canonisés et l'on peut s'étonner de les voir figurer dans une église : chacun cependant a contribué, à sa façon, à l'établissement ou à la sauvegarde de la religion chrétienne en notre pays et à la grandeur de la France. C'est le même idéal qui animait tous ceux qui reposent sous les croix du cimetière qui entourent ce mémorial religieux, où les restes sont confondus dans le reliquaire des ossuaires.

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